Le 22 mars, nous lançions ce site avec un message :
“Portons tous un écran anti-postillons (EAP) dans l’espace public pour freiner et arrêter la pandémie.
Leur but est collectif et altruiste : protéger les autres et être protégé si chacun en porte.”
Avec d’autres, nous n’avons eu de cesse depuis 8 mois de relayer partout ce message.
Comme ce message était pertinent, il a été entendu.
Progressivement…
Aujourd’hui, le masque est donc (presque) partout. Ceci devrait donc être notre dernier communiqué*.
*Offre soumise à conditions : tout recul à un moment injustifié (tel qu’aujourd’hui) sur ces précautions visant à “confiner les bouches et les nez” derrière des masques nous incitera à nouveau à communiquer, rappeler les données scientifiques, informer…
Avant de fermer la porte (sans la verrouiller), nous avons encore 3 messages à délivrer.
La double protection dans les lieux à risque élevé
Nous en parlons depuis avril. Nous en avons fait une section dans le communiqué du 9 septembre.
Parlons-en une dernière fois.
Nous ne nous “battrons” pas pour cette “double protection”, mais il est important d’en saisir les intérêts.
Deux protections valent mieux qu’une…
Notre message a toujours été “quelque chose est mieux que rien”. En période de pénurie de masque chirurgical, un masque en tissu était mieux que rien. Cela s’est confirmé, et plus personne (de sérieux) n’en doute aujourd’hui.
Dans le même principe, deux protections complémentaires (masque + visière) vaudront mieux qu’une.
… notamment en ciblant les lieux à risque.
Comme toujours, il ne s’agit pas de prendre des précautions inutiles, mais de cibler les lieux les plus à risque.
Une étude parue dans Nature le 10 novembre (1) a listé ces lieux, par ordre décroissant : les restaurants (sur place), les salles de sport, les bars, cafés et snacks, les hôtels, les organisations religieuses, les cabinets médicaux, les épiceries, etc.
Si certains lieux n’autorisent aucune protection faciale et ne peuvent donc rouvrir en période de circulation virale active (bars, restaurants), les autres pourraient justifier d’une réouverture avec double protection.
La visière ne remplace pas le masque…
Aujourd’hui, il n’existe pas de preuves suffisantes de leur efficacité pour justifier du remplacement des masques par les visières (1). Une étude publiée dans Physics of Fluids a montré visuellement que les visières semi-ouvertes (sans couverture sous-menton) pouvaient laisser passer plus d’aérosols que les masques (2). D’autres études sont nécessaires, avec d’autres visières, etc.
Leur place aujourd’hui est donc en complément du masque, comme l’a rappelé le Haut Conseil de Santé Publique en mai (3).
1. CDC. Use of Masks to Help Slow the Spread of COVID-19.
2. Verma S, Dhanak M, Frankenfield J. Visualizing droplet dispersal for face shields and masks with exhalation valves. Phys Fluids 2020;32:091701.
3. Avis du HCSP de mai
… mais elle peut le compléter avec quelques intérêts étayés scientifiquement.
Une visière de qualité (couvrant tout le visage et les côtés) présente des particularités intéressantes :
– elle limite les émissions de (micro-)”postillons” en plus du masque,
– à défaut de masque inclusif (dans un contexte de pénurie…), elle permet de baisser temporairement son masque lorsqu’on parle à une personne malentendante, tout en la protégeant de ses projections (sans que cela ne doive devenir une habitude…),
– pour le porteur, elle permet de protéger les yeux, qui sont une voie d’entrée potentielle du coronavirus (1).
Enfin, la visière est facilement réutilisable, simple à entretenir avec un antiseptique (2) et pourrait avoir un intérêt dans les régions les plus démunies du globe.
1. Zeng W, Wang X, Li J, Yang Y, Qiu X, Song P, et al. Association of Daily Wear of Eyeglasses With Susceptibility to Coronavirus Disease 2019 Infection. JAMA Ophthalmol. 20202. Chin AWH, Chu JTS, Perera MRA, Hui KPY, Yen H-L, Chan MCW, et al. Stability of SARS-CoV-2 in different environmental conditions. Lancet Microbe. 2020;1: e10
Les autres mesures
Nous avons volontairement été “mono-idéistes” sur Stop-Postillons.
Le masque pour tous est, à notre sens, la première mesure pour limiter l’impact de cette pandémie sur nos vies.
Le retard pour masquer les différentes populations a forcément eu des conséquences sanitaires et économiques.
Néanmoins, il existe d’autres mesures d’avenir que nous évoquons brièvement ici…
Baser toute stratégie sur des objectifs clairs pour éviter de laisser la place aux complotistes
Si certains courants complotistes existent aujourd’hui en France, leur lit a été préparé par des discours incohérents ou dont les objectifs n’étaient pas clairs. La “saga des masques” n’a pu que créer de la défiance envers les décisions gouvernementales ; l’instauration d’un dialogue précoce aurait pu l’éviter.
Aujourd’hui, certaines mesures ne répondent toujours à aucun “objectif” précis. Par exemple, plafonner les sorties à 1 km du domicile ou à 1 heure ne se base pas sur un objectif clair. Il en est de même pour la fermeture de certains commerces ou lieux de vie (cinéma sans pop-corn) où le port du masque, l’aération et la faible densité populationnelle peuvent être assurées.
De la même façon, instaurer un couvre-feu pour fermer des lieux de contagion passé 21h, tout en laissant ces mêmes lieux ouverts à 19h est un “pis-aller” difficilement compréhensible.
Il est temps de remettre la cohérence au premier plan.
Aérer aussi souvent que possible, en évaluant la qualité de l’air
Le risque aérosol existe (transmission du virus à la manière d’une fumée de cigarette) (1).
Pour le prévenir, en plus des masques et de la distanciation physique, il est important d’aérer en lieux clos.Le collectif “Du côté de la science” a produit des documents en français sur l’intérêt de l’aération (2). La qualité de l’air peut également être estimée par l’utilisation de détecteur de CO2, en restant globalement à moins de 1000 ppm.
1. Morawska L, Milton DK. It Is Time to Address Airborne Transmission of Coronavirus Disease 2019 (COVID-19). Clin Infect Dis 2020
2. Catégorie aération sur le site du collectif Du côté de la Science
Limiter tout brassage sans masque : le cas des cantines…
Les seuls lieux de vie qui poseront encore et toujours un problème seront les lieux de restauration collective : bars, restaurants, cantines.
Des solutions existent toutefois pour en limiter les risques. Autant que possible actuellement, les repas (comme les achats) doivent se faire en “click & collect” ou “drive” ou “à emporter”.
Par exemple, pour les cantines (scolaires ou d’entreprise), il est cohérent d’y limiter le brassage en favorisant le repas dans les classes/bureaux, plutôt que dans un lieu commun (limiter les contacts inter-classes ou inter-équipes).
Lorsque les masques sont retirés au moment du repas, il faut se poser la question de l’alternative “dégradée” à y apporter : pour limiter le risque gouttelette et un peu aérosol, la distanciation et la mise en place de plexiglass entre mangeurs peut encore diminuer le risque.
Adopter une stratégie de test – traçage – isolement, en attendant les vaccins
Il existe de multiples stratégies de détection des cas à envisager pour la suite, via le suivi des eaux usées, via le déploiement massif de tests salivaires pouvant être réalisés facilement (notamment en milieu scolaire), via le déploiement massif de tests antigéniques (le faible déploiement a tendance à perturber les connaissances des PCR, son intérêt est vraiment dans le déploiement massif), etc.
Toutes ces stratégies, avec leurs tenants et aboutissants, mériteraient d’être discutées publiquement, avec leurs forces et limites. Il en est de même pour la stratégie de vaccination qui sera adoptée.
La lutte contre les théories les plus farfelues passe par la publication transparente et sans ambiguïté des mécanismes menant aux décisions.
L’intelligence collective est toujours supérieure à celle de ceux qui usent de leur “argument d’autorité”.
Nos autres partenaires
Nous avons donc évoqué brièvement d’autres mesures. D’autres le font plus précisément.
Groupe de parents et des familles d’élèves scolarisés (de la maternelle au lycée), de tous âges et tous horizons, qui s’est formé en réponse à l’impréparation de la rentrée scolaire 2020 et propose des mesures pour la continuité scolaire la plus sécuritaire possible dans le contexte de pandémie.
Une équipe de chercheurs, bénévole et indépendante, qui informe, explique, conseille et recommande clairement à partir de sources fiables (et vérifiables). L’équipe scientifique Adios Corona indique les différences entre pays et accepte quand c’est nécessaire de dire “on ne ne sait pas encore” car admettre l’absence de connaissances, c’est important aussi !
Groupe indépendant de scientifiques, le collectif “Du côté de la science” alerte et conseille sur la lutte contre le COVID-19, et appelle à ce qu’elle soit fondée sur les données de la science et débattue avec des citoyens informés.
Nous y avons notamment publié une revue de littérature sur les masques aux enfants dès 6 ans, des recommandations sur l’aération (le tout discuté auprès de syndicats enseignants) ou encore alerté sur l’oxygénothérapie à domicile.
Cette liste n’est là non plus pas exhaustive. Il y a d’autres collectifs (EndCoronavirus, etc.), des journalistes scientifiques qui ont su expliquer, vulgariser ou “fact-checker” avec sérieux depuis le début de la pandémie… Et puis il y a les données scientifiques librement accessibles.
Seules comptent les données actualisées de la science, et même s’il faut 8 mois en pleine pandémie, la pertinence scientifique finit toujours par s’imposer.
A l’inverse de ces collectifs, certains ne sont pas recommandables et ne seront évidemment pas cités ici.
Etre un collectif n’est pas un gage de sérieux.
De manière générale, ne croyez pas ceux qui vous parlent d’improbables complots, qui publient leurs données dans de mauvais journaux ; ne croyez pas ceux qui se refusent à l’ignorance, qui prédisent tout et son contraire, qui ne savent pas anticiper l’automne ou la rentrée scolaire, qui pensent lutter contre un virus à transmission respiratoire uniquement par le lavage de mains ; ne croyez pas ceux qui répondent aux données scientifiques par des arguments d’autorité…
Faites vous votre propre idée en recoupant les données, en évitant les “biais de confirmation”, en vous demandant à chaque fois “pourquoi ce que je lis là pourrait être faux ?” et “que disent les différentes instances officielles ?”
Il n’y a pas de “sociétés savantes de tout”.
Il n’y a pas “d’élite en tout”.
Il y a la science.
Et vous.
Merci d’avoir lu ce communiqué.
Merci à tous ceux qui nous ont soutenu et relayé, à toutes ces belles rencontres.
Merci à tous ceux qui nous ont tendu un micro ou donné une tribune pour faire entendre notre message.
Pour tous ceux qui ont joué du pipeau pendant cette crise, bonne fête de Sainte-Cécile.
Ainsi qu’aux vrais musiciens – et aux Cécile évidemment.