Communiqué du 9 septembre : il est encore temps de colmater les dernières brèches

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Depuis le 9 août, le port du masque a continué à se généraliser… mais l’école primaire reste la principale brèche par laquelle va se propager le virus.

Le collectif Stop-Postillons a notamment participé avec de nombreux médecins à deux tribunes en faveur du port du masque dans tous les lieux clos (14 août) et de 4 propositions urgentes pour l’école (29 août).

Le masque dès 6 ans

L’école primaire est une brèche par laquelle le virus circule de famille en famille.

Simplifier le discours

Il faut déculpabiliser sur le manuportage, les manipulations, la réutilisation… 

Double protection masque-visière dans les lieux à risque

Les difficultés d’aval (tester, tracer, isoler) doivent inciter à renforcer les protections d’amont.

Le masque dès 6 ans.
La pitchounerie n’est pas une mesure suffisante.

Une des mesures que nous réclamons depuis mai est la protection des enfants dès l’âge de 6 ans. C’était un des objets de notre communiqué du 9 août et également dans les 2 tribunes sus-citées.
Le masque à l’école est une mesure visant à préserver au maximum la scolarisation, au prix d’un effort très modeste, efficace et acceptable.

Oui, les enfants de moins de 10 ans peuvent être contaminés et contaminants

L’expérience nous montre que les enfants peuvent se contaminer entre eux. C’est notamment le cas de cette colonie de vacances en Géorgie, dont on a parlé en août 2020, où les enfants de toute catégorie d’âge ont été touchés, en particulier les 6-10 ans (difficile alors de garder l’hypothèse que les enfants sont peu symptomatiques, peu contaminants avant 10 ans).

Les enfants symptomatiques transmettent le virus.
Il est probable que les enfants asymptomatiques fassent de même.

Il n’y a aucun débat sur le fait que les enfants symptomatiques soient contaminants. Par exemple,l’European Center for Disease Control and Prevention a dit le 6 août : “lorsqu’ils présentent des symptômes, les enfants répandent le virus en quantités similaires à celles des adultes et peuvent infecter les autres de la même manière que les adultes.”

Si un enfant peut être contaminant lorsqu’il est symptomatique, il est difficile d’expliquer qu’il ne le soit absolument pas en étant asymptomatique. C’est d’ailleurs ce qu’évoquent 2 études récentes d’août 2020.

Un taux élevé d’enfants infectés peut être asymptomatique ou présymptomatique ; les individus asymptomatiques et symptomatiques peuvent excréter le virus pendant des périodes prolongées (2 à 3 semaines) indépendamment des symptômes.

La charge virale chez les enfants en phase asymptomatique/première infection était significativement plus élevée que chez les adultes hospitalisés atteints d’une maladie grave avec plus de 7 jours de symptômes.

Le masque à l’école est une barrière entre familles

Le masque à l’école est une barrière supplémentaire entre familles.
Si les parents se protègent par leurs masques au travail, mais que les enfants se transmettent le virus à l’école, la contamination se fait de foyer en foyer par cette brèche…

Nous avons bien vu début septembre que l
es viroses ont aussi fait leur rentrée. Comme prévu, cela pèse lourdement sur le système de santé, avec des délais de PCR qui ont littéralement explosés sur la première quinzaine de septembre. 
Comme prévu, cela pèse lourdement sur le système éducatif, avec un abstentéisme scolaire par période de quatorzaine, des classes voire des écoles qui ferment.
Comme prévu, cela va peser lourdement sur le système économique, avec des arrêts de travail longs et répétés là où il n’y en aurait pas eu les précédentes années. 

Le masque a pour vocation de réduire l’ensemble des viroses respiratoires et la fréquence des symptômes induits
… et donc de préserver au maximum la scolarisation, le système de santé et l’économie. Nous, médecins généralistes qui soignons des enfants au quotidien, nous savons qu’il n’y a pas une seule classe où tous les enfants sont présents et asymptomatiques, ne serait-ce qu’une semaine l’hiver ! Ne pas imposer le masque va peser lourdement sur tout cela !

Enfin, le masque pourrait aussi diminuer le risque de développer une forme grave en limitant la charge virale infectieuse.

L’OMS et l’UNICEF sont en faveur du port du masque à partir de 6 ans en France

L’OMS et l’UNICEF recommandent que la décision d’utiliser des masques pour les enfants âgés de 6 à 11 ans soit fondée sur les facteurs suivants :
1 – L’existence d’une transmission généralisée dans la région où réside l’enfant (c’est le cas actuellement)
2 – La capacité de l’enfant à utiliser un masque de manière sûre et appropriée (c’est le cas en milieu scolaire)
3 – L’accès aux masques, ainsi que le lavage et remplacement (c’est le cas)  
4 – une supervision adéquate par un adulte (c’est le cas)
5 – l’impact potentiel du port d’un masque sur l’apprentissage et le développement psychosocial (l’impact de la fermeture des classes et de la transmission virale est pire)
6 – les interactions de l’enfant avec d’autres personnes à haut risque, telles que les personnes âgées (c’est le cas).

La France est donc un pays pour lequel l’OMS recommande aujourd’hui le port du masque dès 6 ans.

Si les masques ne sont pas recommandés pour les enfants en septembre en raison d’un stock insuffisant, il convient – comme ce pour quoi nous avons milité en mars – d’utiliser des masques adultes ou en tissus… Mais certainement pas de ne pas recommander cette mesure barrière indispensable !

Simplifier le discours et donner au masque sa place de 1ère mesure barrière

Nous rappellons ici quelques éléments de notre précédent communiqué, car ils sont importants à bien comprendre dans le projet d’intégrer le masque dès l’âge de 6 ans. 

Porter mal quelque chose, c’est mieux que rien.

Avoir une barrière en entrée et sortie de la bouche et du nez, c’est mieux que rien. Ce n’est pas “binaire” : inutile / utile, mais c’est une “diminution de probabilité de transmission”.
La mesure LA PLUS IMPORTANTE (encore et toujours) est que le maximum de gens portent un masque dans les espaces publics (tous les lieux clos publics, mais aussi les rues piétonnes fréquentées, les marchés, etc.) 

La deuxième plus importante dans l’ordre est que ce masque soit bien porté, couvrant la bouche ET le nez, descendant sous le menton, et laissé en place en particulier lorsqu’on parle avec quelqu’un. 

La troisième plus importante est que ces masques soient les plus efficaces possibles pour limiter la sortie de particules : les masques chirurgicaux sont alors à privilégier. Là aussi, à choisir, mieux vaut tout le monde avec des masques artisanaux (en tissus, tels que nous en avons fait la promotion entre mars et mai pendant la pénurie) qu’un faible pourcentage avec des masques chirurgicaux.

A noter que pour les malentendants ayant besoin de lire sur les lèvres, il est possible d’utiliser des masques adaptés dits “inclusifs”. C’est une autre mesure, différente, qu’il conviendrait de pouvoir facilement tous adopter.

On peut toucher son masque sans causer l’apocalypse sanitaire

En pratique, si tout le monde porte un masque, tout le monde protège tout le monde… et tout le monde protège “les masques des autres” (seule la face interne des masques des gens contagieux est contaminée ; les faces externes de tous les masques sont censées rester propres).

L’expérience montre que les patients savent qui les a contaminé et quand. Ce sont dans des situations sans masque.

Toucher son masque n’est vraiment pas un problème dans un contexte de port généralisé ! Il ne faut pas confondre utilisation d’un masque dans un milieu de soins (chirurgien, réanimateur…) et utilisation dans la vie de tous les jours : la règle ne devrait pas être “on ne le touche pas” mais plutôt “on évite de le tripoter”. Nous ne sommes pas des gardes suisses, parfois ça gratte… et il faut gratter !

Vers une double protection…

Les difficultés en aval (tester – tracer – isoler) doivent inciter à renforcer les mesures en amont.

Miser à fond sur ce qui fonctionne efficacement

Aujourd’hui, 9 septembre :
– les délais de tests ont explosé partout en France. Des alternatives sont prévues. 
– les mesures de tracing sont submergées : alors que le protocole prévoyait que les brigades COVID se chargent des arrêts de travail, cette tâche est par exemple déléguée aux médecins. 
– les mesures d’isolement sont rendues complexes par des délais de tests élevées, par l’impact financier… à tel point qu’une réduction de la quatorzaine à sept jours est prévue, malgré l’augmentation rapide du nombre de nouveaux cas et la saturation des services hospitaliers. 

Nous n’avons pas de traitement efficace. Nous n’avons pas de vaccin.

Seule la prévention fonctionne pour réduire les contaminations, réduire les PCR, hospitalisations, en réduisant probablement la gravité des infections.

Et deux protections valent mieux qu’une.
 
Une visière et un masque fera mieux qu’un masque… qui fera beaucoup mieux que rien. 

Une double protection basée sur la probabilité de contamination

Le début du mois de septembre a été compliqué (instauration récente du port du masque en entreprise, sortie de vacances, brassage, rentrée scolaire sans masque en école primaire)…

Le port du masque en entreprise va porter ses fruits dans quelques semaines. Le nombre de clusters en entreprise a déjà été mieux contrôlé (il est passé de 187 à 322 entre le 6 et le 18 août, puis de 322 à 387 entre le 18 août et le 31 août, malgré les retours de vacances). 

Il conviendra de suivre les lieux les plus à risque de contamination – tels que les lieux de soins – et d’y intégrer la protection plus adaptée (équipement de protection individuelle par FFP2 ou FFP3, ou à défaut par une double protection par masque + visière).

Protéger les plus fragiles

Le décret du 29 août a limité la liste des personnes vulnérables pouvant prétendre au chômage partiel au strict minimum. 
Il est indispensable de protéger ces personnes du mieux possible, soit idéalement par des équipements de protection individuelle (masques FFP2 ou FFP3), ou à défaut par une double protection (masque + visière).

Développer la recherche dans ce qui fonctionne

Nous avons besoin de davantage de masques simples à porter, simples à nettoyer, simples à utiliser, pour tout âge, pour toute situation (à l’école, au travail, à la salle de sport, etc.), pour tout handicap (surdité et lecture labiale, pathologies ORL ou stomatologiques, etc.)

Nous avons donc besoin de recherche et de moyens dans ce domaine.

Merci d’avoir lu ce 2ème communiqué.

Nous aimerions bien ne plus avoir à en écrire, parce que nous avons d’autres loisirs en fait.
Mettez ce masque partout où c’est utile, incitez à le faire.
S’il vous plait.

Et prenez bien soin de vous et de ceux qui vous sont chers.