(Liste non exhaustive d’interviews données sur le sujet début avril. Notre avis n’a jamais changé sur la question.)
Nous sommes donc ravis de la décision d’imposer le masque dans certains espaces clos à partir du 20 juillet en France, suivant ainsi en partie l’avis des principaux organismes scientifiques mondiaux.
C’est avec ce genre de décisions que nous pourrons outrepasser la pandémie à COVID-19 avec le minimum de morts, et avec aucune autre, en l’état actuel des connaissances.
Il reste néanmoins un certain nombre de points à améliorer en France, que nous listons ci-dessous.
Le masque dans TOUS les lieux clos
Actuellement, le masque n’est pas porté dans les bureaux individuels (administrations, rédactions de journal, etc.) dans les open-spaces, dans les salles de cinéma, dans les salles de sport collectif…
C’est une erreur, et nous détaillons pourquoi.
Les entreprises (privées et publiques) sont les premières causes de “clusters” en France
L’outil informatique de détection des clusters de Santé Publique France (MONIC) a retrouvé qu’en mai, les principales sources de contamination en “clusters” étaient les entreprises privées et publiques, devant les établissements de santé…
Source : Point épidémiologique COVID-19 de Santé Publique France (6 août 2020)Il convient d’être clair : un open space est un lieu clos (oui, c’est dur à lire), au même titre qu’un bureau, que les espaces communs de l’entreprise…
Le fait d’avoir de grandes hauteurs sous plafond, d’avoir ouvert une fenêtre, une porte, ça aide à diminuer le risque… mais ça n’incite nullement à se passer de cet outil préventif qu’est le masque, qui doit être imposé dans toutes les entreprises.
Evidemment, la mesure la plus efficace pour éviter la contamination sur les lieux de travail est de favoriser le télé-travail ! Ensuite, la première mesure à mettre en place dans les lieux de travail est bien le masque pour tous.
Le virus peut se transmettre par aérosols
Une étude du 30 juin a confirmé que le SARS-CoV-2 pouvait se transmettre par aérosol dans l’air ambiant. Cela a bien été souligné également par le Conseil Scientifique fin juillet.
Etude PNAS (30 juin)Avis du Conseil Scientifique (27 juillet 2020)Ce n’est pas “nouveau” : c’est ce que nous suspections de longue date, et nous avait conduit à proposer dès avril cette infographie sur le masque comme première mesure systématique en intérieur et première mesure en extérieur en cas de densité élevée.
Le coronavirus se fiche que vous achetiez des tomates, que vous regardiez un film, que vous fassiez du sport ou de la comptabilité
Aucune raison logique n’explique d’imposer le masque dans les espaces clos (supermarchés, etc.) mais pas dans certains lieux selon la fonction qu’ils ont (lieux de travail, de sport, parties communes d’un immeuble, etc.)
Le coronavirus ne se transmet pas différemment selon la fonction des lieux, mais selon la “densité de population”.
Si vous êtes seul un lieu clos non fréquenté (par exemple, un igloo dans votre jardin), il est inutile de porter un masque.
Si vous êtes nombreux dans un open space (ou dans une église, une salle de sport, de cinéma, un immeuble…), il est à terme risqué de venir chaque jour sans masque. Et ce terme… c’est peut-être demain (ou dans 1 semaine, 1 mois, 3 mois, ou jamais… Mais le problème est que dans tous les “open spaces, églises, salles de sport, cinémas, immeubles…” de France, il y a chaque jour des contaminations).
Le même raisonnement existe à l’extérieur : le masque doit être imposé dans tous les marchés, où la distanciation ne peut souvent pas être de 2 mètres.
Il peut y avoir une première ou deuxième vague
Les scientifiques les plus optimistes quant à l’absence de 2ème vague soulignent eux-mêmes 2 points :
1/ la condition de respecter les gestes barrières et les masques en intérieur ;
2/ le fait qu’on parle bien de 2ème vague. Or, certaines régions (… mais aussi départements, villes, quartiers) n’ont pas eu de 1ère vague.
Certains arguments sont en défaveur d’une immunité “plus importante qu’estimée”. Par exemple, le taux de contagion en prison a été estimé jusqu’à 74 % (source) ; il était de 47 % sur le Charles de Gaulle (source). Dans son avis du 27 juillet, le conseil scientifique COVID-19 estime à 4,4 % la population française immunisée (source).
Toute solution visant à laisser un sous-groupe de la population “se contaminer” ne saurait être une bonne idée. La meilleure solution pour lutter contre la propagation du virus est… de lutter contre la propagation du virus.
Le masque pour TOUS les élèves capables de le porter : possible dès 3 ans, obligatoire dès la primaire
L’école est un lieu clos et rejoint le même argumentaire que ci-dessus… Il y a d’autres arguments, détaillés plus bas et partagés par l’ECDC (6 août).
Nous incitons le Ministère de l’Education Nationale, l’Association des Maires de France et les Fédérations des Parents d’Elèves à se saisir rapidement de ce sujet.
En l’état, nous fonçons dans le mur.
Il n’y a eu ni travaux d’aménagement d’écoles, ni recrutement : la densité des classes restera la même
Il est désormais trop tard pour lancer des travaux d’envergure dans les écoles avant septembre :
1/ favoriser la ventilation (VMC, fenêtres oscillo-battantes, etc.),
2/ favoriser l’hygiène (lavage de mains facilité, etc.),
3/ diminuer la densité des classes (suppression des tables doubles empêchant la distanciation physique, etc.)
Mais si cela aurait été un plus, ces mesures auraient de toute façon été insuffisantes sans port généralisé du masque, compte tenu de la transmission par aérosol sus-évoquée.
En Italie, les écoles ont été aménagées, avec commande massive de tables simples (source 1, source 2). Ils ont également recruté 84 000 enseignants (source).
A l’inverse, en France, le ministère de l’Education Nationale a proposé de lever la distanciation physique, pour accueillir le maximum d’élèves dans les espaces les plus petits possibles (source).
Il ne faut pas sous-estimer le pouvoir de transmission des enfants
C’est un message de la société de virologie allemande traduit ici :
– “d’un point de vue purement virologique (nous sommes) pour le port généralisé des masques pour tous les niveaux scolaires, y compris pendant les cours.”
– “nous mettons en garde contre l’idée que les enfants ne sont pas impliqués dans la pandémie et la transmission. De telles idées ne sont pas conformes aux connaissances scientifiques.”
C’est aussi l’avis de l’European Center for Disease Control and Prevention du 6 août.
Avis de l’ECDC sur les écoles (6 août)Le Dr Zoë Hyde a fait un excellent travail de synthèse des données scientifiques pour dire que : les enfants peuvent être infectés et transmettre le virus, au même titre que les adultes.
Revue de littérature par le Dr Zoë HydeLe masque est désagréable ? Les PCR nasopharyngées aussi.
“Winter is coming“, et quand l’hiver arrive, les viroses suivent.
A l’heure actuelle, la recommandation de la Haute Autorité de Santé et des généralistes est de faire une PCR devant toute fièvre inexpliquée (hors angine, otite, pyélonéphrite, etc.)
Cela signifie que toute fièvre cet hiver impliquera un “trifouillage” du fond du nasopharynx pour une PCR (potentiellement plusieurs fois de septembre à mars) et une quarantaine le temps d’obtenir les résultats (pour l’enfant, les parents, les travailleurs…).
Le délai d’obtention des résultats sera également allongé par la surcharge évidente de travail attendue.
Il faut donc bien en être conscient : le masque protège aussi contre ça…
Le port du masque est un moyen de lutter contre toutes les viroses respiratoires, donc de lutter contre les PCR, les mises en quarantaine, l’absentéisme scolaire et professionnel…
Il n’y a aucun risque au port du masque
Les masques sont contre-indiqués jusqu’à 2-3 ans, ou en cas de problèmes/handicap empêchant l’enfant (ou l’adulte) de retirer son masque. Il n’y a aucune barrière “physiologique” qui interdit un enfant de 10 ans de porter un masque et à un de 11 ans d’en porter. Le masque n’est pas une lettre pour Poudlard.
Il n’y a pas non plus d’inconfort majeur au port du masque ; les enfants à partir de 6 ans commencent parfois à avoir des soins d’orthodontie et des appareils dentaires, bien plus inconfortable…
Il n’y a aucun risque de “désaturation”, de “mal éliminer son CO2” (si nous pouvions stocker du CO2 dans des masques chirurgicaux, la question du changement climatique serait vite réglée)…
Il n’y a aucun risque de “faire pire” avec un masque que sans (sauf à faire de “l’échangisme” de masque). C’est impossible. Tout sera mieux que “ne rien mettre sur nez et bouche des enfants”.
Il n’y a aucun intérêt à “faire son immunité” avec des viroses pour lesquelles l’immunité n’est pas durable (rhinovirus, ou autre…) Un enfant peu malade en hiver 2021 ne sera pas un enfant “plus faible” ensuite. Le seul qui sera plus faible, c’est le SARS-CoV-2, avec moins de réservoir et donc moins de potentiel de dissémination…
En cas de difficultés à communiquer avec les enfants concernant le SARS-CoV-2, nous avons mis des liens vers des documents et affiches didactiques dans la section “Les enfants se protègent”
Simplifier le discours et donner au masque sa place de 1ère mesure barrière
Le discours manque de clarté. Rendons-le plus clair.
Le masque est la 1ère mesure barrière
Alors que les études montrent désormais la transmission par gouttelettes et aérosol du SARS-CoV-2 et qu’aucune étude n’a montré la transmission par manuportage, l’hygiène des mains et des denrées alimentaires reste au premier plan sur les affiches et discours officiels… C’est une erreur.
La première mesure est le masque.
Nettoyer vos courses avec un essuie-tout n’a pas montré la preuve scientifique de son intérêt. Porter un masque, si.
Si tout le monde (adultes et enfants) porte un masque, l’épidémie s’arrêtera. C’est quand l’épidémie est à un faible niveau qu’il faut agir fortement pour l’arrêter au moins temporairement (ce qui a été fait avec succès dans certaines villes comme Iéna, ou pays comme la Slovaquie) ; agir de façon “graduée” au fil de l’épidémie est perdu d’avance.
L’épidémie s’arrêtera, par les mesures barrières (dont le masque en priorité) ou le vaccin. Sinon, elle se poursuivra jusqu’à atteindre une immunité satisfaisante, dont nous sommes loin.
Tout est probabilité : porter quelque chose, c’est mieux que rien
Avoir une barrière en entrée et sortie de la bouche et du nez, c’est mieux que rien. Ce n’est pas “binaire” : inutile / utile…
La mesure LA PLUS IMPORTANTE (encore et toujours) est que le maximum de gens portent un masque dans les espaces publics (tous les lieux clos publics, mais aussi les rues piétonnes fréquentées, les marchés, etc.)
Il convient d’être pragmatique également : si certaines rues “trop denses” nécessitent un masque (hors rues dites commerçantes), le risque est de dévier la population vers des rues parallèles qui seront denses à leur tour.
La deuxième plus importante dans l’ordre est que ce masque soit bien porté, couvrant la bouche ET le nez, descendant sous le menton, et laissé en place en particulier lorsqu’on parle avec quelqu’un. (A choisir, mieux vaut tout le monde avec le masque sur la bouche seule et nez pendant, que 10 % de la population qui le porte bien…)
La troisième plus importante est que ces masques soient les plus efficaces possibles pour limiter la sortie de particules : les masques chirurgicaux sont alors à privilégier. Là aussi, à choisir, mieux vaut tout le monde avec des masques artisanaux (en tissus, tels que nous en avons fait la promotion entre mars et mai pendant la pénurie) qu’un faible pourcentage avec des masques chirurgicaux.
A noter que pour les malentendants ayant besoin de lire sur les lèvres, il est possible d’utiliser des masques adaptés. C’est une autre mesure, différente, qu’il conviendrait de pouvoir facilement tous adopter.
Oui, on peut toucher son masque : il faut juste éviter de le tripoter…
Actuellement, des plans de “rues avec masque” sont diffusés et actualisés régulièrement : elles sont incompatibles avec la règle gouvernementale de “ne pas toucher son masque une fois posé”.
En pratique, si tout le monde porte un masque, tout le monde protège tout le monde… et tout le monde protège “les masques des autres” (seule la face interne des masques des gens contagieux est contaminée ; les faces externes de tous les masques sont censées rester propres).
Ainsi, toucher son masque n’est vraiment pas un problème dans un contexte de faible circulation du virus et de port généralisé ! Il ne faut pas confondre utilisation d’un masque dans un milieu de soins (chirurgien, réanimateur…) et utilisation dans la vie de tous les jours : la règle ne devrait pas être “on ne le touche pas” mais plutôt “on évite de le tripoter”. Nous ne sommes pas des gardes suisses, parfois ça gratte… et il faut gratter !
Est-ce un “effort de guerre” déraisonnable ?
Oui, nous allons porter un masque pendant plusieurs mois dans les salles de cinéma et de sport. Nos enfants devront le porter dans les écoles. C’est un “maigre effort” collectif que nous devons faire et que nous allons faire, pour protéger les autres, nos proches âgés et/ou fragiles, ou nous-mêmes.
C’est un effort altruiste.
Quand on annonce “nous sommes en guerre” en mars, il faut peut-être s’attendre à ce qu’il y ait des petits changements persistants en septembre. Les enfants et adultes des précédentes guerres du siècle dernier ont eu une vie et une scolarité bien plus perturbés.
Et nous sortirons peut-être de tout ça avec de nouvelles méthodes de créations de vaccins, de nouvelles connaissances en hygiène… Voyons ce bon côté des choses !
Nous vous remercions d’avoir lu ce communiqué
Maintenant, merci de bien vouloir l’appliquer.
Air-bisous à tous.